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dc.contributor.authorAzérad, Hugues
dc.date.accessioned2019-01-18T00:32:29Z
dc.date.available2019-01-18T00:32:29Z
dc.identifier.urihttps://www.repository.cam.ac.uk/handle/1810/288215
dc.description.abstractCette communication vise à plonger au nœud obscur de la relation entre la notion de beauté (héritée de la philosophie platonicienne, mais rendue à son hétérogénéité première et longtemps offusquée) et celle de la créolisation (révélée, constatée dans le réel), telle qu’elle se déploie progressivement dans l’oeuvre de Glissant, mais sans que ni l’une ni l’autre de ces notions n’exerce une préséance, puisque la beauté est toujours déjà “la tension d’une différence en soi qui se propose d’autres différences à connaître et à rencontrer” (Nouvelle région du monde, 44), que ce soit dans l’art ou le réel. Découplée du “beau” kantien, la beauté chez Glissant surgit, dans l’éclat obscur de son apparition, dès ses tout premiers écrits (poèmes et essais): “Ah soudain/la peur d’être deux/dans la beauté!” (Soleil de la conscience, 44; réécriture du poème de 1949 “Éléments” (Le Sang Rivé)). Ce quasi effroi poétique de percevoir la faillibilité du monisme, est simultanément une jouissance/puissance du nommer en poème, qui pressent un autre versant de la beauté, plus obscur et plus éclatant encore, que Glissant théorisera bien plus tard : “la beauté n’est pas la splendeur du vrai, elle est et elle révèle dans une oeuvre ou un donné la force des différences qui dans le même temps s’accomplissent et déjà prédisent leur relation à d’autres différences.” (NRM, 45). Le lien inextricable entre beauté et créolisation se fera plus visible dans les derniers écrits, jusque dans l’adresse à Barack Obama, L’Intraitable beauté du monde, où Chamoiseau et Glissant se permettent de rappeler à Obama le “phénomène” ou “processus” de la “créolisation des sociétés modernes, qui s’oppose aux traditionnelles poussées de l’exclusive ethnique, raciale, religieuse et étatique des communautés actuellement connues dans le monde” (4). Même si ce texte trahit un certain ton didactique, il n’en soulève pas moins, et avec plus d’adresse qu’on ne le croit, le lien politique et poétique entre créolisation et beauté. Tentative de “toucher” le monde en son représentant le plus emblématique d’une créolisation désormais entérinée par le réel, ce texte est aussi indirectement une lettre ouverte au Tout-monde, qui fait des notions notions de beauté, de la Relation, et de la créolisation, les nouveaux barèmes éthiques de la conduite du monde: “Si on la pense et qu’on la vit et qu’on l’agit [...] on l’oblige à beauté. L’exploitation, le crime, la domination n’ouvrent jamais au sentiment de la beauté”. Ce n’est pour rien non plus que s’y trouvent insérés deux grands poètes de la résistance poétique, René Char et Césaire “La justice écoute aux portes de la beauté”. Pourtant, imprévisible, imprédictible, incertaine, la créolisation, trace et agent visible de la Relation, préserve la beauté de toute récupération directe. Intraitable contient “traite” (à la fois la Traite, la dette, l’exploitation, l’ininterrompu), ce qui ne peut plus être “traité” ou mis en discours, et veut dire rébellion et entêtement autant qu’intransigeance. Puisant à notre tour chez d’autres artistes et philosophes, qui ont tenté d’ouvrir la beauté, Camus (“En maintenant la beauté [...] cette vertu vivante qui fonde la commune dignité du monde et de l'homme, et que nous avons maintenant à définir en face d'un monde qui l'insulte” L’homme révolté), Bonnefoy (la beauté comme “confiance”), Nancy (la beauté comme “appel”) et Rancière (“égalité”), pour sortir d’un discours glissantien menacé d’une nouvelle hégémonie, nous tenterons de lever la “puissance sans pouvoir” (Madou) de la beauté de la créolisation chez Glissant, au plus près de la tension qui se love dans la formulation même, chiasme grammatical que permet le génitif objectif et subjectif: beauté de la créolisation, beauté de la créolisation, sans qu’un trait ne puisse les séparer.
dc.description.sponsorshipuniversity of Cambridge (MML travel grant)
dc.titleÀ la croisée de tous les savoirs : l’intraitable beauté de la créolisation chez Édouard Glissant
dc.typeConference Object
prism.publicationNameEdouard Glissant l'Eclat et l'obscur.
dc.identifier.doi10.17863/CAM.35531
pubs.declined2018-11-26T20:08:18.853+0000
dcterms.dateAccepted2018-11-20
rioxxterms.versionofrecord10.17863/CAM.35531
rioxxterms.versionAM
rioxxterms.licenseref.urihttp://www.rioxx.net/licenses/all-rights-reserved
rioxxterms.licenseref.startdate2018-11-20
rioxxterms.typeConference Paper/Proceeding/Abstract
pubs.conference-nameGlissant l'Eclat et l'obscur
pubs.conference-start-date2017-03-20
cam.orpheus.counter58
pubs.conference-finish-date2017-03-23
rioxxterms.freetoread.startdate2022-01-17


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