"Philémon" (1913) de Lucien Descaves et la fiction du rapatriement : une communauté de revenants
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"Philémon" raconte l’histoire d’un couple communard qui, en 1871, évite la transportation en Nouvelle-Calédonie en s’exilant en Suisse. Après l’amnistie, le couple Colomès revient à Paris où il mène une vie paisible dans le XIVe arrondissement, en compagnie d’autres anciens communards. L’origine de la fiction s’ancre dans l’amitié qui se développe entre le vieux couple et un voisin qui deviendra le narrateur du roman. Entre roman historique et autofiction, l’identité de Descaves s’exhibe distinctement dans la figure du narrateur. Le présent de sa narration est situé en 1900, ce bilan du siècle entier que fut l’Exposition Universelle servant de toile de fond, parisienne mais distante, aux petits faits vrais de la vie intime du voisinage de la rue de la Santé. Là habitent les Colomès et le narrateur, et habita le véritable Lucien Descaves. Une double temporalité sous-tend la fiction : d’une part, la longue durée de ce mariage de trois décennies ; d’autre part, le souvenir de la Commune qui, dans sa brièveté, brûla comme le magnésium. L’hospitalité des Colomès permet au narrateur d’explorer la sociabilité contre-culturelle des rites communards d’anniversaires, de commémorations, et d’évoquer ainsi le souvenir du printemps de 1871. En ce sens-là, le roman entier incarne le retour d’un souvenir politique essentiellement exilé par la IIIe République.