L’empire des grands-pères : crise de succession dans les fictions de la défaite de 1870–71
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Curieusement, les personnages des récits qui racontent le conflit franco-prussien semblent tous partager la même ascendance : le personnel de ces fictions paraît en effet descendre d’un parent identique, d’un vieillard qui se répète d’histoire en histoire, d’un grand-père ayant participé aux guerres du début du XIXe siècle, et qui, vivant ou mort en 1870, fait peser son empire sur sa descendance. À travers une lecture comparée de trois de ces récits, le « Siège de Berlin », la nouvelle de Daudet parue en 1871, La Débâcle de Zola (1892) et le roman de Victor Margueritte, Les Frontières du cœur (1912), cet article entend ainsi étudier le rôle, dans les fictions de la défaite, de ce personnage d’époque, témoin des gloires militaires napoléoniennes et narrateur d’une page triomphale du roman national. En s’intéressant à la brisure qui rompt le lien généalogique entre les aïeux victorieux du début du siècle et la génération vaincue de 1870, cet article a non seulement pour enjeu d’analyser la fonction chrono-poétique de ce personnage, mais aussi de comprendre l’importance morale que la fiction accorde à ces figures tutélaires, dont la fièvre impériale tourne les sangs de leurs petits-fils. L’impuissance de la descendance masculine à imiter les mâles vertus de leurs ancêtres conduit ce faisant les écrivains à repenser les rapports du masculin à l’héroïsme guerrier. Écrits dans l’horizon de la revanche, ces récits esquissent en effet un héroïsme guerrier féminin, où les petites-filles des soldats du Premier Empire se préparent sentimentalement à assurer la relève.
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1478-7318